« Les coups blessent, mais pas les mots » est un des plus grands mensonges jamais prononcés. Les mots font mal. Et les mots que nous entendons à plusieurs reprises peuvent devenir des prophéties autoréalisatrices.
Les gens ont tendance à agir conformément à ce que l’on attend d’eux. Nous avons tendance à être plus maladroit lorsque nous sommes avec des gens qui nous décrivent comme maladroit. Nous avons plus à dire en compagnie des personnes qui nous considèrent intéressants. Les enfants «difficiles» sont plus susceptibles de continuer à se comporter de façon inappropriée quand ils entendent, sans cesse, qu’ils sont «problématiques.» Autrement dit, les mots utilisés pour nous décrire peuvent nous amener à croire que certains comportements font partie intégrante de notre nature.
Surprendre quelqu’un qui dit quelque chose de peu flatteur à notre sujet nous touche et a un impact sur la relation que nous entretenons avec cette personne. Pensez-y. Quand avez vous entendu quelqu’un dire quelque chose de peu flatteur à votre propos? Quels étaient vos sentiments?
Les mots ne brisent peut être pas les os, mais ils blessent.
Il en va de même pour les mots que nous utilisons pour décrire nos enfants. Ce que nous disons aux enfants a plus d’impact que nous le pensons. Il façonne leur personnalité ainsi que les relations que nous développons avec eux, bien au-delà de l’enfance.
La recherche suggère que les étiquettes que nous collons sur nos enfants peuvent modifier leur comportement. Dans une étude scientifique, Rosenthal et Jacobson ont pu montrer que les enfants dont on attend de bons résultats scolaires, ont obtenu de meilleurs résultats que les autres.
Environ 20% des élèves d’une école primaire ont été choisis au hasard et présentés aux enseignants comme « enfants intelligents. » Un test de QI a été proposé à tous les enfants au début et à la fin de l’étude. Les chercheurs ont constaté que les élèves qui avaient été présentés comme «très intelligents » ont obtenu des scores significativement plus élevés quand le test de QI a été proposé lors de la deuxième phase.
Bien que les résultats aient été largement critiqués et soient peu concluants et difficiles à reproduire, l’étude prouve que lorsque les élèves sont présentés comme « intellectuel », les enseignants semblent plus attentifs à leur égard, pour les aider à surmonter leur difficultés. En d’autres termes, l’étiquette influence la manière dont ces enfants sont perçus.
Les études de Rosenthal et Jacobson ont inspiré ce qui , aujourd’hui, est appelé l’effet Pygmalion (ou effet Rosenthal & Jacobson). Ce phénomène suggère que les attentes positives influent sur la réalité et mènent à des prophéties autoréalisatrices. Le phénomène inverse – l’effet Golem – suggère que les attentes négatives conduisent à des performances médiocres.
Ce que révèlent ces études c’est qu’il y a toujours une meilleure façon, et un meilleur mot, pour décrire le comportement de votre enfant. Il y a toujours plusieurs façons de voir les choses. Un enfant qui doit toujours «avoir le dernier mot» peut aussi être un «bon négociateur.» Un enfant «timide» peut être un «observateur.» Un enfant «têtu» peut être un enfant qui «sait ce qu’il veut».
Il est toujours plus agréable d’entendre des choses positives à notre sujet. Lorsque nous nous concentrons sur les traits positifs de nos enfants, nous communiquons ce que nous pensons d’eux – désorganisé ou créatif, pipelette ou confiant, renfermé ou attentif.
Nos paroles servent aussi de bases pour d’autres personnes. Elles influencent la façon dont les autres voient nos enfants. Lorsque nous définissons toujours un enfant comme « très timide », les autres personnes risquent de partager cet avis et de considérer cette timidité comme une caractéristique négative. Pourtant, lorsque vous choisissez un autre mot pour définir le même caractère, par exemple « pacifique », il est fort probable que d’autres personnes ne vont plus considérer ce caractère comme quelque chose de négatif.
Des étiquettes positives aident à construire nos enfants, mais cela ne veut pas dire qu’il faut fermer les yeux sur des mauvais comportements. Parfois il faut appeler les choses par leur nom. Décrire un enfant agressif comme un leader ou un enfant peu soigneux comme un artiste ne fait que cacher des problèmes qu’il faut régler.
Autrement dit, modifier les mots que nous utilisons pour décrire nos enfants ne signifie pas les laisser s’en tirer avec un comportement négligent ou irrespectueux. Cela signifie éviter les termes négatifs tout en faisant une tentative consciente de corriger tout mauvais comportement, par exemple, en utilisant le renforcement positif correctement.
Remplacer des étiquettes négatives avec des positives modifie la façon de voir nos enfants, ce que nous pensons de leur comportement et comment nous réagissons à ce comportement. La prochaine fois que vous êtes sur le point de décrire votre enfant comme « fouineur », remplacer ce mot par « curieux.» Vous allez voir que cela change tout!
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Références scientifiques
https://fr.wikipedia.org/wiki/Effet_Golem
J’ai initialement publié cet article sur le site parent.co pour lequel j’écris régulièrement.
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