En tant que parents, nous avons tous eu des moments où nous avons crié sur nos enfants. La bonne nouvelle est que des cris occasionnels ne nuisent pas à leur développement. La mauvaise nouvelle est que quand vous criez trop souvent, il est fort probable que vous faites plus de mal que de bien, à vos enfants, mais aussi à vous-même.
Crier trop, et trop souvent, sur vos enfants peut avoir de lourdes conséquences. La majorité des preuves scientifiques disponibles suggèrent qu’élever les enfants en criant peut nuire à leur développement social et émotionnel.
Dans une étude menée récemment, des chercheurs de la London School of Economics ont analysé les effets des cris répétés des parents sur leurs enfants. Deux conclusions intéressantes se sont dégagées de leurs recherches :
Tout d’abord, lorsque les parents utilisent des punitions strictes et crient sur leurs enfants dans l’objectif de « se faire obéir », la fréquence des mauvais comportements augmente plutôt que diminue.
Deuxièmement, crier sur vos enfants ou utiliser des méthodes strictes pour obtenir un changement de comportement produit un effet comparable à celui d’ignorer le comportement en question. Autrement dit, espérer obtenir un changement d’attitude de votre enfant en lui signifiant votre désapprobation par des cris revient à ignorer complètement le problème.
Les résultats d’une deuxième étude vont dans le même sens : les enfants sont plus susceptibles d’avoir un comportement antisocial lorsque leurs parents privilégient des sanctions strictes et incohérentes.
Une troisième étude a démontré que les enfants élevés dans des familles dans lesquelles les cris sont fréquents sont plus susceptibles d’éprouver de la culpabilité, d’avoir une faible estime d’eux-mêmes et d’être dépressifs.
Au-delà de l’impact négatif des cris sur vos enfants, il existe de nombreuses bonnes raisons d’au moins réduire, la fréquence à laquelle vous recourrez à ce mode peu efficace de communication :
1) Cela ne marche pas.
Si crier peut permettre d’obtenir des résultats immédiats, c’est une solution de courte durée qui n’a que peu d’impact sur le comportement de votre enfant. Plus vous criez, moins il est susceptible de vous écouter. Pire, à terme, crier peut devenir votre « façon normale » de communiquer.
2) Cela peut effrayer vos enfants.
Vous souvenez-vous de situations où quelqu’un vous a crié dessus ? Comment vous êtes-vous senti ? Quelle que soit la personne visée, être réprimandé de cette façon peut susciter de vives émotions.
3) Cela lui apprend que crier sur les autres est acceptable.
Vous n’êtes pas content, vous criez, est-ce que votre enfant doit lui aussi se comporter de cette façon ? Comment lui expliquer qu’il ne doit pas crier sur sa sœur, son frère, ses amis, ses cousins quand ils se fâche alors que vous lui montrez que vous obtenez ce que vous voulez en pratiquant le contraire ?
Crier enseigne à votre enfant que ce comportement est un moyen acceptable de « se faire entendre ». Si vous le faites fréquemment, ne soyez pas surpris quand à leur tour, ils commenceront à crier (ou hurler) sur des personnes de leur entourage.
4) C’est rarement la meilleure solution.
Il peut arriver que crier soit la réponse la plus appropriée à une situation : votre enfant s’apprête à traverser la route, il ne fait pas attention, une voiture approche, vous êtes loin, vous criez pour attirer son attention. Mais en règle générale, il existe de bien meilleures solutions.
5) Vous le regretterez.
Vouloir à tout prix gagner est peu satisfaisant. Vous criez parfois parce que vous êtes fatigué, frustré ou stressé, parfois parce que vous n’arrivez pas à tout gérer, mais je suis sûre que vous l’avez remarqué : quand vous criez sur vos enfants, c’est souvent vous qui finissez par le regretter.
Alors comment faire lorsque vous vous sentez acculé ? Comment changer la façon dont vous communiquez pour cesser de crier sur vos enfants ?
Développer un mode de communication positif
1) Faire un travail sur soi.
La première étape pour arrêter à crier est de comprendre pourquoi, et surtout quand, vous privilégiez ce mode de communication. Identifier ce qui déclenche votre comportement est une étape importante et décisive si vous souhaitez le modifier.
Est-ce que vous avez plus tendance à crier lorsque vous êtes fatigué ? Lorsque vous êtes en retard ?Est-ce que c’est le comportement de vos enfants qui vous pousse à crier ? (ils n’écoutent rien, ils sont “insupportables”, etc.).
Soyez honnête avec vous-même et notez tout ce qui entraîne une telle situation.
2) Posez des limites et soyez cohérent.
Êtes-vous clair sur ce que vous attendez de votre enfant ? Est-il conscient de vos attentes ? Sait-il quels comportements sont appropriés ? Comprend-il pourquoi certains sont inacceptables ? Est-ce qu’il connaît les conséquences du non-respect des règles ?Poser des limites ne sert à rien si les conséquences ne sont pas les mêmes à chaque transgression : soyez le plus cohérent possible.
3) Soyez un modèle.
Les limites posées ne s’appliquent pas qu’à votre enfant, elles vous concernent aussi. Nous sommes les modèles de nos enfants : ils apprennent en nous observant. Restez donc maître de vous-même. La colère est une réaction normale, mais comment l’exprimez-vous ? Comment aimeriez-vous que votre enfant l’exprime ?
4) Régulez vos émotions.
Réguler ses émotions signifie avoir conscience de ses sentiments, mais les exprimer de manière appropriée. Vous devez montrer à votre enfant que vous êtes en colère, mais, mieux encore, il doit vous voir maîtriser cette colère.
Quelques stratégies pour garder le contrôle :
- Dites à votre enfant que vous allez quitter la pièce pendant quelques minutes parce que vous êtes en colère (pas parce qu’il vous a mis en colère) puis éloignez-vous
- Ne faites rien. Respirez profondément en vous répétant à vous-même « Je ne vais pas crier » (cette méthode peut sembler peu naturelle, mais elle marche vraiment !)
- Au lieu de crier, parlez plus bas que vous le feriez normalement. Les études sur l’autorégulation ont démontré que faire le contraire de ce que vous avez prévu peut avoir des résultats incroyables.
5) Connaître votre enfant.
De la même manière, qu’il est important de savoir ce qui déclenche votre besoin de crier, il est également important d’identifier pourquoi votre enfant « vous pousse à bout ». Le comportement de nos enfants est souvent un message et parfois une tentative d’attirer notre attention. Consacrer seulement 5 à 10 minutes de votre temps à votre enfant peut faire toute la différence.
6) Privilégier une communication intentionnelle.
Si vous êtes dans la cuisine et que vous demandez à votre enfant, qui est au salon, de faire quelque chose qu’il n’a pas envie de faire ou qu’il déteste faire, il est fort probable qu’il ne va « pas vous entendre » et que vous allez finir par vous fâcher (et crier).
Une communication intentionnelle implique de faire passer le message de façon claire. Regardez votre enfant lorsque vous lui parlez (ne vous adressez pas au mur ou à son dos). Prononcez son nom quand vous lui demandez quelque chose plutôt que de vous contenter d’un « on range » lancé à la cantonade. Mettez-vous à son niveau et regardez-le dans les yeux.
Que faire si c’est plus fort que vous ?
1) Faites attention aux mots que vous utilisez. Pensez à ce que vous ressentiriez si quelqu’un vous criait dessus. Évitez les mots blessants ou humiliants.
2) Présentez vos excuses, pas pour votre colère, mais pour la façon dont vous avez exprimé ce sentiment.
3) Apprenez à vous pardonner.
Si vous vous sentez stressé et dépassé, la formation en ligne « 5 jours pour communiquer autrement » vous aidera à identifier des stratégies simples pour apprendre à changer la façon dont vous communiquez avec votre enfant. Elle vous donnera des conseils pratiques qui vous aideront à moins crier ou à arrêter complètement.
J’ai initialement publié cet article sur le site parent.co, pour lequel j’écris régulièrement.
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